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16 mai 2024

Matière: zoom sur le coton (ép. 3)

Episode 3

Pour ce dernier volet de notre article sur les différents types de coton, nous allons vous expliquer ce qu’est le coton recyclé, comment se déroule sa « fabrication » avec les avantages et inconvénients qui en découlent et également faire un comparatif avec le coton conventionnel. C’est parti !

Coton recyclé

Pendant la fabrication, les ateliers découpent de grandes bandes de tissu en fonction des modèles de vêtement qu’ils doivent confectionner. Pour chaque pièce réalisée, une partie du tissu est perdue et devient donc une chute de matière. Négociées à un prix plus attractif, ces chutes peuvent être sauvées de la poubelle pour ensuite être recyclées et revalorisées en matière première. Cela limite également le nombre de déchets qui finissent à l’incinération ou dans la nature…

Les chutes de coton sont ainsi récupérées, triées puis broyées par un procédé mécanique pour être ramenées à l’état de fibres. S’en suivent les étapes de filage et de tissage qui sont les même que pour le coton classique. Ces étoffes repartiront ensuite dans le cycle de production textile et donneront vie à de nouveaux vêtements ou accessoires. La boucle est bouclée !

Grâce à ce procédé, le schéma traditionnel de production est challengé afin d’être moins néfaste pour l’environnement. Dans le domaine de la mode, les deux phases qui génèrent le plus d’impacts sont celles de la production des matières premières et de leur mise en forme. En choisissant un coton recyclé au lieu d’un coton conventionnel, les impacts environnementaux sont réduits sur le réchauffement climatique, l’eutrophisation des eaux, l’épuisement des ressources, les effets respiratoires sur la population et la consommation en énergie. La baisse varie de 63 à 98% pour le coton recyclé de déchets de production et de 72 à 99% pour le coton recyclé de déchets post-consommation.9

Bien que le coton recyclé nécessite de l’énergie, il a tout de même une dépense énergétique beaucoup plus faible que le coton standard. Il nécessite également très peu d’eau et ne consomme aucun pesticide. Ramené à l’échelle de notre fameux tote bag de 200g, l’utilisation de fibres recyclées demande 99% d’eau en moins qu’un article équivalent en coton classique. Quant aux émissions de CO2 générées, elles sont réduites d’environ 50% ! 9, 10 Le recyclage est donc une alternative à considérer, sachant que 5,8 mio. de tonnes de textile sont mis à la décharge chaque année en Europe. 9, 11 Ajoutez à cela que nous achetons en moyenne 60% de vêtements en plus qu’il y a 15 ans ! 11 Il y a clairement un phénomène de surproduction, d’une part, et de surconsommation, d’autre part.

L’autre avantage se situe au niveau de la logistique, le recyclage du coton pouvant être effectué directement en Europe ce qui limite le transport des matières premières et réduit drastiquement son empreinte carbone par rapport au coton conventionnel, provenant majoritairement du continent asiatique (Chine, Inde, Bangladesh).

Néanmoins, la technologie de recyclage dominante, le recyclage mécanique, permet majoritairement de produire des fibres plus courtes que celle du coton vierge. Ce procédé détériore quelque peu la qualité des fibres et impacte la durabilité du tissu, celui-ci ne pouvant pas être recyclé infiniment. C’est d’ailleurs pour cela qu’il est très compliqué de trouver un pourcentage élevé de contenu recyclé dans les matériaux ; le coton recyclé est souvent associé à du coton classique ou biologique, voir à d’autres fibres textiles afin de correspondre aux standards qualitatifs du marché (ou plutôt de la fast-fashion). 12

Une seconde problématique se pose alors : la recyclabilité des vêtements et articles textiles. Le tri est souvent présenté comme la première étape du recyclage mais il faut, pour que le tri soit possible, que les industriels aient fait le choix de matériaux recyclables et d’une confection qui permette le recyclage. Le recyclage est donc aussi une problématique qui incombe aux acteurs situés en amont dans la chaine de production. En effet, les textiles composés d’un mélange de matières naturelles et synthétiques sont plus difficiles à recycler. Sauf qu’aujourd’hui, les mélanges coton-polyester entrent dans la composition d’environ un tiers des vêtements produits et peu d'entreprises sont à même de les recycler correctement. 12 Il faut donc privilégier une conception réalisée avec une seule et même matière (tissu, empiècements, fil, etc) et des accessoires faciles à retirer, idéalement eux aussi recyclables (boutons, zip, fermetures éclair) et fabriqués dans des conditions respectueuses.

Avec l’arrivée de ce nouveau type de business vient la nécessité de poser un cadre légal ainsi que des standards de contrôle afin que les impacts positifs du recyclage textile soient bien réels (il en va de même pour d’autres matières recyclées puis valorisées comme le PET ou le nylon). Il existe deux labels pour les fibres et/ou articles faits à base de matières premières recyclées : les certifications RCS 100 et GRS.

La norme RCS 100 (Recycled Claim Standard) est utilisée comme moyen de contrôle pour suivre les matières premières recyclées d'un bout à l'autre de la chaîne d'approvisionnement. Le label RCS vérifie la présence et la quantité d'un composant recyclé dans un produit final. Les intrants et la chaîne de traçabilité doivent être vérifiés par un organisme tiers. Le label RCS est destiné aux produits contenants au moins 5% de matériaux recyclés.

Les objectifs de la norme GRS (Global Recycled Standard) sont bien plus exigeants que ceux de la norme RCS. Le label GRS, reconnu à l’international, est une norme conçue pour répondre au besoin de transparence sur la composition des matières recyclées et sur les pratiques sociales, environnementales et chimiques responsables dans la chaine d’approvisionnement et lors de la production. Pour être labellisé, le produit (et son emballage) doit contenir au minimum 50% de fibres recyclées et le pourcentage doit être clairement indiqué sur l’étiquette.

Une fois encore, c’est avec la certification la plus complète que Inovacomm a choisi de travailler. Comme mentionné précédemment, l’idée est d’avoir accès à un outil permettant un meilleur contrôle et par là-même un renforcement de la confiance dans la relation commerciale avec nos usines partenaires. Nous souhaitons également encourager l’innovation dans l’utilisation de matériaux récupérés. Enfin, il est pour nous primordial d’établir une plus grande transparence dans la chaine d’approvisionnement et de fournir une meilleure information à nos clients afin qu’ils puissent faire leurs achats en toute conscience.

 

Sources:

9) https://www.dotheretex.eu/fr/

10) https://www.purewaste.com/

11) http://www.ecap.eu.com/

12) https://www.ellenmacarthurfoundation.org/

 

Photo: The Good Goods