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06 septembre 2021

Seaqual : la fibre qui dépollue les océans

Miser sur le recyclage, c’est le défi et le pari de Seaqual 4U, une entreprise espagnole née en 2016 d’une volonté écoresponsable conjointe de la marque Ecoalf, du groupe textile Santanderina et du filateur Antex. La société ibérique propose un engagement fort : dépolluer les océans des déchets qui les asphyxient. Elle commercialise depuis 4 ans une gamme de fibres et de fils éco-conçus, créée à partir du recyclage des déchets plastiques gisant au fond des mers. L’équation est simple, à chaque kilo de fibres produites, c’est un kilo de déchets qui disparaît des océans. L’objectif de Seaqual est de créer un modèle économique vertueux pour participer à la lutte contre la pollution marine.

Nos océans sont de plus en plus pollués par les déchets en tout genre et plus particulièrement par le plastique : chaque seconde, l’équivalent d’un camion poubelle de plastique y est déversé ! Tous les ans, ce sont 12 millions de tonnes de plastique qui sont jetées dans nos océans. Selon la Fondation Ellen MacArthur, le poids du plastique présent dans les eaux mondiales aura atteint celui des poissons d’ici 2050 si nous n’enrayons pas ce phénomène catastrophique.

Seaqual collabore notamment avec des marins pêcheurs partenaires, environ 400 bateaux, et avec des sites de production pour transformer ces déchets plastiques en polymères (upcycled marine plastic). Les déchets plastiques récupérés sont nettoyés et triés. Une fois transformées, ces « granules » sont filées en une fibre polyester recyclée, aux propriétés quasiment identiques à celles du polyester classique. De plus, la firme a rallié l’organisme espagnol Fundación Futureway, membre de l’UN Global Compact. Ce pacte mondial, initié par les Nations Unies, est destiné à inciter les entreprises du monde entier à adopter des pratiques responsables au niveau social et environnemental.

Tous ces efforts collectifs ont mené à la création d’une matière qui peut être utilisée en version 100% Seaqual Yarn® (composé à 10% de plastiques marins upcyclés et 90% de PET post-consommation), neutre ou fil teint, mais aussi être mélangée avec des fibres naturelles. Dans la même optique, les teintures appliquées sont, elles aussi, écologiques et faibles consommatrices en eau et en énergie puisqu’elles permettent d’économiser plus de 20% d’eau, 40% d’énergie et réduisent aussi l’émission de CO2 de près de 50% comparé aux méthodes de production des fibres de polyester vierge. 3 Enfin, le Seaqual Yarn® est certifié Oeko-Tex Standard 100 et GRS.

Toujours à l’affût côté innovation, nous avons commencé à nous intéresser au Seaqual il y a 2 ans en cherchant à comprendre le fonctionnement du projet (d’un point de vue commercial mais aussi humain et environnemental). Les motivations intrinsèques et le potentiel d’application de cette nouvelle matière ont également été des facteurs déterminants. En 2020, nous avons rejoint la Seaqual Initiative en devenant une entreprise licenciée afin de pouvoir développer de nouveaux projets en proposant le Seaqual Yarn®.

En étant membre, Inovacomm s’engage à reverser 5% du prix de vente des articles confectionnés en Seaqual afin de soutenir l’initiative. Mais l’agence s’engage avant tout à respecter la charte établie par Seaqual en matière de durabilité. Et c’est là où le système se montre complexe : tous les intermédiaires de la chaîne d'approvisionnement (y compris les fabricants de textiles, les fabricants de produits et les marques) doivent signer une licence de marque et de droit d'auteur SEAQUAL Accord. Afin de pouvoir développer des articles en Seaqual, nos clients doivent, eux aussi, jouer le jeu et adhérer à la charte afin d’obtenir une licence nominative qui permettra une meilleure traçabilité de bout en bout de la chaîne (du sourcing à la distribution). Cela requiert une collaboration en toute confiance et transparence afin de préserver les aspects légaux et commerciaux de nos clients.

Enfin, il faut garder à l’esprit que le projet n’en est qu’à ses débuts, bien que la gamme de matériaux Seaqual ait connu un développement fulgurant en à peine 5 ans. Cela signifie qu’il faut avoir une certaine tolérance quant à la qualité de la matière au fur et à mesure de son utilisation et savoir accepter des imperfections minimes. Une initiative comme celle-ci peut permettre à de grands groupes de s’emparer, en partie, de la solution tout en préservant leur business model. Ce deal gagnant/gagnant semble être un passage obligé pour faire évoluer les mentalités. Les nouvelles initiatives sont des précurseurs pour ouvrir la voie et montrer qu’il existe des modèles alternatifs qui, dans quelques années, deviendront peut-être la norme.

 

Sources :

1) www.ellenmacarthurfoundation.org

2) www.seaqual.org

3) www.texworld-paris.fr.messefrankfurt.com

 

Photo: SEAQUAL©